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André Depraz,

écrits,

2002 - 2008

-

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Atelier, partir - 2008

110 x 75 cm

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Vercors - 100 x 140 cm

VERCORS


L'art de MF. Chevalier, art déchiré, âpre, sévère, parfois tragique mais toujours authentique, exprime avant tout la volonté d' être parfaitement humain, en symbiose tout au moins avec la réalité sinon ou le domestique. Ainsi en est-il des paysages, pris sur le vif, qui depuis des années ont su soutenir l’inspiration de l'artiste, paysages des montagnes de son enfance, sans cesse explorés, sans cesse revisités. Le sens de la réalité trouve en eux son expression par le mouvement ; le vent y circule, la lumière s'empare des roches et des escarpements, la beauté jaillit d'une certaine forme de rudesse et de violence qui dit la liberté, l'élan de la vie autant que l' énergie du peintre et son bonheur de créer.

La composition méticuleuse s'organise à partir de quelques lignes de force ou plutôt de quelques plans qui bien vite s’ordonnent en puissants bouillonnements et en temps calmes.

On devine les simplifications, les restructurations des formes, on note de généreux bouleversements complétés de détails d'une précision linéaire parfaite. Sans rigidité, la page atteint au monumental par l'organisation des masses, sans déclamation superflue, touchant à la nature même et à la poésie. Le temps semble suspendu, riche de subtilités graves, d’instants de miracles, avec des couleurs animées des éclats du souvenir et lourdes de promesses. Sous le titre mon Vercors, accompagné du texte pathétique de Marie-Paule Richard, l'ouvrage qui vient de paraître constitue l'éloquent exemple que l'art de Marie France Chevalier dans son expression de la nature, harmonieux équilibre entre le monde visible et l' univers intérieur de l' artiste...

(…)

mais il ne s'agit en aucune manière pour elle de copier banalement la nature, ni d’improviser librement selon sa bonne humeur ou celle du temps. Pour approcher la réalité et aller au-delà
de l'écorce et des enveloppes, Marie France Chevalier a su, sans brusques sursauts au cours des années, affermir graduellement sa technique individuelle, dans une volonté d'échapper à un cadre trop étroit et à la soumission du châssis et du chevalet, voire à la toile.
D'ailleurs cette dernière ne sera le plus souvent utilisée qu'au stade ultime comme support du marouflage de ses papiers. Depuis longtemps en effet, le papier est devenu la matière d'élection de ses travaux, vastes feuilles au solide grammage , kraft et surtout papier de riz au soyeux mystère empli de promesses. Travaillé à même le sol ou fixé au mur, isolé ou en couches superposées, support idéal de compositions, il reçoit, il conjugue, absorbe et restitue l'encre,'acrylique, l'huile diluée, les violents traits de pastels gras, les complexes lavis de brou de noix, voire de marc de café. Chaque étape est à l'origine de retours, de superpositions, de décollements, de déchirures, de calques, comme autant de découvertes ou de surprises, d'empreintes ou d’insolites monotypes.

La fantaisie apparente et la liberté singulière de cette peinture naissent en réalité de la maîtrise technique comme d'un travail acharné, de multiples cahiers et de centaines de croquis qui
prolongent l'observation de l’artiste , accumulant des regards, fixant l'espace aussi bien que le temps être un complice irréfutable. Il y a chez MF Chevalier une connaissance ancienne et approfondie du dessin, une prestesse et une souplesse du geste qui lui permettent une traduction rapide de ses constats visuels ainsi que les constructions harmonieuses de composition avec une grande économie de moyens. Quelques coups de crayons, quelques hachures, deux ou trois lignes, une trace d'estompe, et tout semble en place comme par enchantement. La mise en page dédiée est dictée par une fougue à la conquête de l'univers, spontanée et instinctive, sage ou convulsive, parfois dévorante et semblant déborder la feuille ou le support dans la passion de la possession ou
de la dénonciation. Les plans superposés font fi de la perspective, d'autres rapports s'imposent

par-delà les règles anciennes en vue d'une juste relation de l' objet se confiant en toute simplicité à l'émotion de l'artiste. La touche disparaît, le coup de pinceau large et direct de naguère tend à se diluer pour laisser la place à de généreux pans de mémoire.

André Depraz, 2002

A.Depraz Famila
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Silhouettes - 110 x 98 cm

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André Depraz, 2002

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