DESSINS
Marie-France
Chevalier
la beauté de l'éphémère
MONO NO
AWARE
" En choisissant ce titre Mono No Aware, l'enjeu aura été pour Marie-France Chevalier et Christophe Chéron de retranscrire en peinture ou photographie, ces empreintes du temps, cet état indéfinissable que la langue française traduit par la notion d'éphémère... "
Mono no Aware, Ukiyo
Ou les apparences du temps
En résonance avec la biennale d’art contemporain 2022
dont le thème central est un « manifeste de la fragilité »,
la galerie l’Œil Ecoute s’est engagée dans une large réflexion sur ce thème.Comment les artistes contemporains
peuvent-ils traduire la fragilité ? Que représente-t-elle
pour eux ? Quelles évocations ?
Dans ce contexte, la galerie présente dès le mois
de septembre, l’exposition Mono no Aware ou
les Apparences du temps
avec Marie-France Chevalier et Christophe Chéron,
ainsique la participation de Muriel Carrupt.
l’artiste Marie-France Chevalier et le photographe Christophe Chéron se connaissent depuis de nombreuses années. Ils ont l’habitude de travailler ensemble sur des projets et la sensibilité de l’une s’accorde pleinement avec celle de l’autre. Aussi, dans le cadre des thèmes proposés à l’automne 2022, que ce soit par la biennale d’art contemporain de Lyon - Le manifeste de la fragilité ou encore en résonance avec l’exposition - A la mort à la vie, Vanités d’hier et d’aujourd’hui - du musée des Beaux-Arts de Lyon, ont-ils donné corps à un projet commun.
L’idée était de développer à partir de l’exploration de l’univers végétal indispensable à l’équilibre et la recherche de Marie-France, une continuité entre œuvres sur papier et photo, un fil rouge, fil conducteur, qui permette de relier les œuvres entre elles.
Depuis 2017, Marie-France et Christophe ont entrepris de travailler ensemble autour du thème des saisons. Il s’agit de recomposer à partir de photos de Christophe, constituant le point d’ancrage du travail de Marie-France, des œuvres de papier. Un travail à quatre mains.
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Elle se ciele jusque dans
sa racine
Chevelure ébouriffée
éparpillée dans les veines invisibles de la terre
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Le jardin se clandestine
Frisonne d'aise - de liberté -
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Les toiles des morceaux de pétales
Débordent de l'iris
Ouvert sur nos ombres
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Les retourner de lumière
Ma respiration se minimalise
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je suis graine
apparences du temps
1/ empreintes:
apparences du temps
2/ vanités:
Le lien avec les thèmes évoqués plus haut, thèmes qui s’inscrivent dans le contexte actuel incertain, éphémère, vaniteux ... se traduirait alors par la mise en scène de vanités végétales, vanités permanentes du temps de Marie-France, de monotypes, de peintures, dessins, en s’appuyant sur les traces végétales, l’intemporalité des saisons, l'univers éphémère de cette vie ...
Parallèlement, Marie-France et Christophe réaliseraient un livre d’artiste sous forme de Leporello qui accompagnerait, comme une synthèse de leur travail commun, l’ensemble de l’exposition.
apparences du temps
3/ une bibliothèque infinie:
Au cœur poétique du paysage et du regard,
l’éternité d’un fleurissement
Un iris,
et tout le créé justifié ;
Un regard,
et justifiée toute la vie.
François Cheng
La dernière exposition de Marie-France Chevalier
à Lyon, à la galerie L’œil écoute, est emblématique de sa démarche d’artiste. Elle m’a transportée au cœur du paysage, dans des terres d’attention, de beauté et de reconnaissance, qui, dans les temps sombres que nous traversons, est une occasion d’émerveillement. On pourrait même parler d’une aventure d’éveil de par l’alliance parfaite dans ses œuvres entre éléments naturels, rythme et couleurs qui nous mettent dans la vision en nous rendant à une émotion empreinte de bonheur et de nostalgie. Nous nous rappelons alors que toute sa peinture, si elle donne accès à la vie comme ouverture des sens, amour et renouveau perpétuel, témoigne aussi des fragilités du vivant, de l’impermanence des choses et des êtres, et par là-même d’une privation.
Le titre de l’exposition, Mono no aware, sorte d’équivalent de notre memento mori, l’illustre, de même que le choix de la part dominante du règne végétal dans les œuvres, fleurs feuilles herbes qui y sont montrées dans toutes leurs déclinaisons et leur éphémère. De natures vives à natures mortes, le temps, thème essentiel chez Marie France Chevalier, est là comme le signe d’une vie dont nous recevons la venue, admirons la floraison, mais occultons trop souvent la fanaison et la finitude. Nous sommes des humains de passage dans un monde où chaque autre règne est aussi destiné à disparaître. Mais avant, nous souffle l’artiste, il faut déplier l’espace de la terre et regarder le ciel et la terre où glissent soleil et lune, brumes et nuages, il faut entendre la mélodie des couleurs, travailler la matière et le sens avec la mémoire des choses et des êtres, en accomplissant le geste d’accueil qui donne accès à une plénitude, même fugace.
Le geste de peindre, comme celui d’écrire, naît d’une nécessité intérieure et du besoin absolu d’un poiein, d’un faire qui marque une façon d’être au monde. Il reconnait le don initial de la vie, le prolonge et le transcende dans le laps du temps singulier qui est le nôtre sur cette terre. Sentir la beauté, en goûter les langages, les formes et les couleurs, n’est pas nié le mal, la douleur ou les vanités du monde mais prendre le chemin d’un mystère. Ce tout qui est aussi le rien, précocement reçu et cultivé depuis sa jeunesse, Marie-France Chevalier le rend dans sa création, en utilisant la matière (terre, eau, poudre, café, plantes, papier, tissus, pigments …), les instruments (crayon, fusain, pinceau, cuter…) et tous les moyens d’expression (dessin, aquarelle, fusain, empreinte, peinture…) qui lui sont donnés dans l’art pour le porter au plus loin...
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Sylvie FABRE
Septembre 2022
empreintes du temps
publications:
©Amaury Wenger
Avec Muriel Carrupt
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Cet ensemble de texte est un dialogue visible et invisible entre deux femmes, sœurs de cœur.
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édition L'Œil écoute
2022 - livre pour l'exposition
format : 21 x 15 cm
118 pages
isbn : 9 78958 158828
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