DESSINS
Marie-France
Chevalier
DESSINS
Vercors
2004-2020
extrait,
cahier-2020
Des bruits courent dans les hautes herbes
Les marguerites ont tourné la tête
où m'installer
D'un trou de lumière pointe un toit
mon regard retient la douceur d'un parme
une tache carminée
sur la colline face aux ombres mouvantes
désormais silencieuses
le soleil vernit les feuilles encore humides
au loin un chemin bleu s'enfuit
et devant la porte
la carnation délicate des pivoines
me trouble et m'invite
odeurs intimes mouilllées
des terres et des champs
la montagne déploie sa gamme de verts
ses profondeurs de grotte
protectrice rassurante
loin des luttes des peurs
je m'installe au fond de moi
à l'écoute de ce qui naît
grave et paisible
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Marie Paule Richard, 12 juin 2004
Dessins sur papier
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MON VERCORS
avec
Marie Paule Richard
20 x 24 cm
70 pages
ISBN : 2-907410-79-2
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VERCORS
L'art de MF. Chevalier, art déchiré, âpre, sévère, parfois tragique mais toujours authentique, exprime avant tout la volonté d' être parfaitement humain, en symbiose tout au moins avec la réalité sinon ou le domestique. Ainsi en est-il des paysages, pris sur le vif, qui depuis des années ont su soutenir l’inspiration de l'artiste, paysages des montagnes de son enfance, sans cesse explorés, sans cesse revisités. Le sens de la réalité trouve en eux son expression par le mouvement ; le vent y circule, la lumière s'empare des roches et des escarpements, la beauté jaillit d'une certaine forme de rudesse et de violence qui dit la liberté, l'élan de la vie autant que l' énergie du peintre et son bonheur de créer.
La composition méticuleuse s'organise à partir de quelques lignes de force ou plutôt de quelques plans qui bien vite s’ordonnent en puissants bouillonnements et en temps calmes. On devine les simplifications, les restructurations des formes, on note de généreux bouleversements complétés de détails d'une précision linéaire parfaite. Sans rigidité, la page atteint au monumental par l'organisation des masses, sans déclamation superflue, touchant à la nature même et à la poésie. Le temps semble suspendu, riche de subtilités graves, d’instants de miracles, avec des couleurs animées des éclats du souvenir et lourdes de promesses. Sous le titre mon Vercors, accompagné du texte pathétique de Marie-Paule Richard, l'ouvrage qui vient de paraître constitue l'éloquent exemple que l' art de Marie France Chevalier dans son expression de la nature, harmonieux équilibre entre le monde visible et l'univers intérieur de l'artiste.
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André Depraz
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DU PAYSAGE EXTERIEUR A LA VISION INTERIEURE
Il est bien âpre ce Vercors-là ! Marie France Chevalier opère le mariage forcé de l'ombre et de la lumière, du chaud au froid. Ses vues du col de la Bataille ou des petits Goulets, de la Jarjatte ou de Vassieux font cohabiter – non sans conflits délibérés- des tons réfrigérants (vert bleu noir) et d'autres flamboyants ( jaune, orange, rouge, brun). Il y a là un sens de la rudesse, fort évocateur de la nature secrète du Vercors : des « paysages sans pardon" sur une terre qui « ne laisse pas de repos" selon les mots du critique Jean Jacques Lerrant.
Profondément attachée au Vercors par ses ascendances familiales, encore que Romanaise de naissance et lyonnaise d'adoption, Marie France Chevalier s'appuie sur une évocation assez précise de ce massif préalpin, pour déboucher paradoxalement sur une manière de paysage mental : la nature extérieure coïncide ici avec la vision intérieure. Pour y parvenir, l'artiste combine les techniques : réalisées sur papier (parfois marouflées) ses peintures amalgament le lavis le pastel sec, l'encre… et une manière tout à fait personnelle de grattage ou de griffure du papier , qui donne du relief et anime l œuvre – lui conférant une dimension gestuelle, voire rituelle. Il en résulte, non sans bonheur, un certain tumulte de la facture.
Vive, nerveuse, fiévreuse , parfois presque heurtée la touche exprime les désordres d'une nature vibrante et pétrie par le travail du temps. On lit, dans ces tableaux, les failles les rides, les cicatrices, les plissés, les bourrelets boursoufflés et crevassés d'une montagne, dont la physionomie ne s’est pas forgée sans heurts. Le paysage tourmenté trouve du répondant dans les tourments du pinceau.
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Jean louis Roux
article lors de l'exposition en 2004
galerie Cupillard, Grenoble
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